Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à Moi !

Lépreux !

« Kandi, qu'as-tu au bras?» Nous étions rassemblés en famille dans la maison et ma mère regardait avec effroi mon bras alors qu'elle servait le repas du soir. Il est vrai que depuis quelque temps j'avais remarqué sur mon avant-bras une tache blanche que je n'arrivais pas à faire disparaître, ni en la lavant, ni en la grattant contre les pierres. Mon père aussi regardait avec stupeur la tache blanche de mon bras. Depuis ce jour, mes frères m'ont tenu à distance, on m'évitait. Plus personne ne voulait jouer avec moi, personne surtout ne me touchait. J'ai dû dormir à l'écart dans un coin de la maison. Jamais plus depuis ce jour ma mère ne m'a pris dans ses bras pour me parler doucement à l'oreille. Quelque temps après, c'est au fond du jardin que j'ai dû habiter dans une cabane de planches que mon père a construite pour moi. Des taches blanches, j'en avais maintenant sur tout le corps. Un mot s'était imposé à moi: lépreux... lépreux! J'étais lépreux! Je grandissais et devenais toujours plus malheureux. Chaque jour ma mère venait m'apporter à distance un peu de nourriture. Oh, comme j'aurais voulu me précipiter vers elle et lui dire: «Maman, maman, je suis toujours ton petit garçon!» Mais je savais qu'au premier geste la pauvre se serait enfuie, affolée à la crainte d'attraper la terrible maladie. Comme elle a dû souffrir, elle aussi!  

 

Je suis parti

Puis un jour, je n'ai plus pu supporter d'habiter au fond du jardin, d'être nourri comme un chien. Alors, je suis parti. Je ne savais que vaguement jusqu'alors ce qu'était un lépreux. Les lépreux étaient ceux qui venaient mendier leur nourriture à la porte de notre maison. C'étaient ceux à qui mes camarades et moi avions si souvent jeté des pierres pour les chasser du village. C'étaient ceux aussi qui en passant criaient: « Impur, impur! » pour qu'on s'éloigne d'eux. Je suis donc parti, mendiant ici ou là un peu de nourriture. J'ai rencontré d'autres lépreux et nous avons vécu longtemps loin du monde, loin des villes et des villages, loin de ceux qui nous rejetaient. Un soir, lassé de ma misère, fatigué de cette triste vie qui était pire qu'une mort, je décidai d'en finir avec ma lamentable existence. Oui, demain je marcherai jusqu'au fleuve. Là je me jetterai à l'eau et tout sera fini. Le lendemain matin j'ai donc pris la direction du fleuve. En traversant les villages j'ai crié: «Impur, impur! » pour qu'on s'éloigne de moi. On m'a lancé des pierres mais bientôt j'ai vu le fleuve miroiter sur les rayons de soleil. Mon cœur était aussi lourd qu'une pierre.

 

Lépreux, viens ici !

Mais tout en marchant, j'ai remarqué à une vingtaine de mètres de moi un vieillard assis sur une pierre plate au bord du chemin. Ses cheveux et sa barbe brillaient dans le soleil du matin. Je m'apprêtai à faire un détour pour éviter qu'il ne me lance une pierre ou ne crache dans ma direction. Mais... au contraire, le vieillard m'appela doucement: «Lépreux, lépreux, viens ici! » Craintif, je m'approchais et le vieillard m'invita à m'asseoir à côté de lui. Il me parla doucement de ma maladie, il me parla aussi d'une autre maladie qui rongeait mon cœur et qui s'appelle le péché. Il me parla d'un endroit où on soigne les lépreux comme moi. Mais il me parla aussi d'un certain Jésus qui pouvait guérir la maladie de mon cœur. Je sentis mon cœur se briser et des larmes me monter aux yeux. Je cachai mon visage dans mes mains et je restai ainsi longtemps, n'osant lever la tête. Quand enfin je me redressai, le vieillard était parti. Je regardai la campagne autour de moi: quelque chose avait changé. La lumière semblait plus pure, le soleil plus radieux, mais surtout quelque chose s'était allumé en moi et ce quelque chose, c'était de l'espoir. Le vieillard m'avait indiqué un endroit appelé léproserie. Oui, je voulais y aller. J'ai longtemps marché, j'ai beaucoup cherché…  

 

Me laissera-t-on entrer ?

Quand enfin j'ai découvert le lieu indiqué, je me suis trouvé devant un grand bâtiment blanc. Rempli de crainte, j'ai hésité à frapper à la porte. Allait-on me chasser comme tant et tant de fois je l'avais été? Je finis par frapper. On m'a ouvert, on m'a souri et on m'a fait entrer. On ne m'a pas demandé beaucoup d'explications mais un médecin m'a examiné, n' hésitant pas à me toucher de ses propres mains, les passant sur les endroits malades. On m'a gardé dans cette maison et on m'a soigné. Un jour une des personnes qui s'occupait de moi m'a donné un livre. «Lis-le», m'a-t-elle dit avec un bon sourire, «c'est la Bible, la Parole de Dieu».

Tous, le même maître

D'abord je n'ai pas saisi grand chose de ma lecture, mais un soir j'ai lu ce que Jésus dit: «Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi». Alors j'ai compris que le vieillard là-bas qui m'avait appelé auprès de lui sur le chemin et celui qui m'avait ouvert la porte de la léproserie, et aussi le médecin et tous ceux qui s'occupaient tous les jours de moi, ils avaient tous le même maître: Jésus. Si c'est à cause de Jésus qu'ils m'ont accueilli et qu'ils me soignent avec tant de dévouement, alors ça vaut la peine de le connaître, lui Jésus, le Maître. Lui pourra me guérir du péché qui me ronge. Ce soir-là, pour la première fois de ma vie, j'ai prié et Jésus m'a ouvert. À la léproserie on m'a donné des médicaments pour soigner ma lèpre. Jésus, lui, a donné sa vie sur une croix pour guérir mon cœur. Aujourd'hui je suis délivré de ma lèpre. Je pourrais vous raconter avec quelle joie mes parents m'ont accueilli quand je suis retourné à la maison. Je pourrais aussi vous raconter comment maintenant moi aussi j'aide à soigner les lépreux. Mais ce que je voudrais vous dire avant tout, c'est que Jésus m'a aimé, qu'il m'a pardonné tous mes péchés. Oh, si beaucoup de gens pouvaient encore apprendre à connaître celui qui dit: «Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi» ! (Jean 6 verset 37)