Une machine à coudre

 

 

 

Un village

 

Tapis dans leur pirogue au milieu des roseaux, Jean et Robert ne peuvent détacher leurs yeux du village indigène, là-bas en bordure de la forêt. Avec ses huttes dispersées sur la terre rouge, il ressemble pourtant à tant d'autres villages africains de cette région. Pourtant, pour Jean et Robert, ce village est tout à fait particulier. Ils savent que le chef qui y habite a juré qu'il tuerait le premier missionnaire chrétien qui oserait s'aventurer sur son territoire. Jean et Robert frissonnent en pensant à cela. Pourtant leurs cœurs se serrent en imaginant tous les gens qui habitent là-bas et qui n'ont jamais entendu parler du grand salut que le Seigneur Jésus est venu apporter à tous les hommes. Tant pis pour les menaces du chef. Jean quitte la pirogue, sort des roseaux et, se tournant vers Robert:

– Prie, Robert, prie tout le temps.

Puis il se dirige vers le village, se confiant de tout son cœur en Celui qui seul peut le sauver. Lorsqu'il arrive aux premières huttes, Jean est frappé par le silence qui règne. Le soleil est de plomb. Et personne à l'extérieur...

Il entre sans frapper

 

Si ! Là-bas, des bruits de voix s'échappent de la plus grande hutte. Jean s'approche... Il est clair, d'après le son de deux voix, qu'on se dispute à l'intérieur. Un homme parle avec colère:

– Comment as-tu pu casser notre belle machine ?

Jean s'approche encore. Une femme répond sur le même ton:

– Je ne l'ai pas cassée mais depuis ce matin elle refuse de fonctionner.

– Et comment feras-tu maintenant pour travailler? Tu l'as cassée exprès parce que tu es paresseuse, crie la voix masculine.

Quelque chose pousse Jean à entrer. Ouvrant la porte sans frapper, il fait irruption dans la pièce. Etonnés, les deux habitants se sont subitement tus. Jean est lui-même étonné de son audace. Sans un mot, ni pour l'homme ni pour la femme qui le regardent tous les deux avec surprise, il marche droit vers l'objet de la dispute: une vieille machine à coudre. Il tâte la poche de son pantalon... il y sent – oh surprise! –  un tournevis qu'il a fourré là, allez savoir pourquoi. Sortant le précieux outil, Jean commence à dévisser le boîtier.

 

Trop sale pour fonctionner

 

Pas étonnant qu'elle ne fonctionne plus, cette machine, elle est tellement crasseuse qu'il est même étonnant qu'elle ait bien voulu marcher jusqu'à présent. Jean sent deux paires d'yeux qui le regardent.

– Si je casse une vis ou si je perds un écrou, je suis un homme mort, pense-t-il tout en priant intérieurement le Seigneur de le secourir.

Encore une poulie qu'il nettoie avec son mouchoir, une pièce à revisser, puis le boîtier à remettre. Enfin la machine est remontée entièrement. Jean essaie de la mettre en marche. La machine, docile, accepte de fonctionner.

Aussi sale que cette machine

 

Jean se redresse et, plein d'une force qui n'est pas la sienne, il s'adresse à l'homme et à sa femme:

– Votre cœur est aussi sale que cette machine. C'est pour cela que vous ne pouvez pas aimer Dieu. J'ai nettoyé votre machine, mais il n'y a que Jésus pour vous nettoyer de vos péchés. Il vous a aimés jusqu'à la mort, son sang a coulé pour effacer vos péchés et les miens.

L'homme ne dit rien, sa femme non plus. Jean range son tournevis dans sa poche et, allant jusqu'à la porte, il s'apprête à sortir. Mais l'homme le retient:

Je suis le chef du village et je voudrais que, ce soir, tu parles de Jésus et de son amour à tous les habitants.

Ce soir-là, sous le ciel étoilé, Jean et Robert ont parlé du grand salut que Dieu offre aux pécheurs. Ce soir-là, il y a eu de la joie dans le ciel pour des pécheurs repentis. Ce soir-là, le chef, sa femme et de nombreux habitants du village ont reçu Jésus comme leur Sauveur.